Great North Surf Expedition nº 13

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Notre départ du camp s'effectue sous les nuages, qui laissent rapidement apparaître un panorama magnifique de montagnes blanches ; une chaîne grandiose de pics nous démontrant le gigantisme de l'État qu'on traverse chaque jour. On en oublierait presque les longues douches froides quotidiennes de cette dernière semaine. Le seul chemin de l'ancienne mine nous mène sept kilomètres au nord de la baie. On se contente avec joie de ce luxe inhabituel qui est de marcher sur un revêtement "dur". Plus qu'une poignée de bornes avant d'entamer la tant attendue traversée de Icy Bay. Escalade, marche dans la brousse et le sable, traversée habituelle de torrents d'eau glaciale, et on y est.

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The few clouds we had when we left the logging camp soon break and allow us to have a full view of the white snowy peaks that surrounds Icy Bay. It is so nice that we almost forget the long days of rain we’ve had before. The quickest way to reach the bay from the logging camp is an old gravel road and we enjoy this luxury for a few kilometers. Then, it’s only a few more kilometers on sand, boulders and across bushes to reach the point where the crossing will be the shortest.

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Icy Bay : Une mer d'huile ; un bassin turquoise dans lequel deux glaciers miroitent entre les quelques icebergs stagnants ; un lac au milieu d'un cirque de monts blancs. Rien de cet entonnoir sombre rempli de vagues déchaînées par les vents qu'on nous avait décrit. On observe le spectacle avec fascination, et on décide après quelques poses photos, de se jeter à l'eau plus tôt que prévu. Les conditions nous permettent d'effectuer une traversée plus longue : six kilomètres de rame au lieu de quatre, bouclés en une heure. Une vraie ballade, dans un environnement splendide, nous amenant au pied de la rive opposée. Une étape est franchie. Sûrement celle qu'on redoutait le plus, mais qui s'est avérée la plus simple et agréable de toutes. On profite d'un repas copieux oh combien mérité, face à un coucher de soleil derrière l'énorme glacier qui se déverse dans la baie. On ne va pas se plaindre. Ce sont dans ces moment-là qu'on comprend que nos douleurs et moments de galères interminables en valent la peine.

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When we finally get to our crossing point, the conditions seem perfect: the water is turquoise and glassy and there is no wind. The view is impressive: Mount St Elias in the background, glaciers all around, icebergs floating peacefully in the middle of the bay. We are far from the scary conditions some people told us we could have.

We take a few pictures and get going with the packrafts. The crossing is easy and we decide to go farther down the bay than we had originally planned. When we land on the other side, we are relieved to have this obstacle behind us. With the Copper River and Icy Bay behind us, there is only one scary crossing remaining, Yakutat Bay. However, before that, we still have 150km ahead of us. For now, we enjoy a hearty meal in front of the sunset. This kind of moment makes it all worthwhile.

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À dix kilomètres de notre campement existe un lodge. On en est certain puisqu'il faisait partie, d'après nos recherches, d'un des seuls lieux habités entre Cordova et Yakutat. Trois heures de rame nous suffisent pour atteindre ces petites cabanes de bois mate. On croise les doigts en espérant que ce lieu soit occupé, quand trois silhouettes apparaissent. Peut-être auront-ils pitié de nous ? Cela ne nous surprendrait pas étant donné l'odeur qu'on dégage. Le propriétaire de ce beau lodge, Marc et sa famille, font instantanément preuve de générosité envers nous. Ils nous offrent douche, lessive, dîner et nuitée dans une de leurs cabanes. Qu'il est bon de se sentir propre ! Une ambiance familiale et conviviale accompagne cette belle journée, qui se finit par un festin (et une cascade de vin rouge…). La bonté de ces gens nous remonte le moral à bloc pour entamer les 150 kilomètres nous séparant de Yakutat.

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The next day our goal is to reach the lodge 10 kilometers away. We are sure there is one but we are not sure there will be someone at this time of the year as the silver salmon runs haven’t started yet. We paddle the 10 kilometers in just 3 hours and as we get close to the lodge, we soon see 3 silhouettes in the distance. Will they invite us in? With our smell, they might take pity on us… The owner Marc and his family are all here for a few days and offer us hot showers, laundry, a warm and dry cabin to sleep in. Before we go to bed though, we all have dinner together with more burgers that we can possibly eat and more wine that we could (should?) drink. Now that we are well rested and our bellies are full, we can start the last 150 kilometer push to Yakutat.

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Après une nuit au sec, et un copieux petit déjeuner, on se remet en route. Un sentier, partant du lodge, nous permet de gagner une journée de marche. Il nous amène directement à une petite rivière sur laquelle on pagayera jusqu'à l'océan. Au moment de notre arrivée sur cette petite rivière enfuit sous une végétation dense, un bruit de pas dans l'eau. Sûrement celui d'un animal imposant. Spray anti-ours à la main, Cyril décide de se rapprocher quand soudain, il aperçoit un gros ours noir, debout, immobile, le fixant du regard. Pas question de faire demi-tour sous peine d'être pris pour une proie ! Cyril murmure à Arnaud qu'un ours se tient devant lui. Arnaud, pensant que c'est une blague, se rapproche à son tour, puis l'ours, intimidé par la présence de deux hommes, s'enfuit devant nos yeux, avec puissance et élégance. Cette bouffée d'adrénaline nous rappelle qu'on est vulnérables dans cette nature sauvage et qu'il faut qu'on reste vigilants à chaque instant.

Les jours de marche s'enchaînent au fur et à mesure que la pluie s'intensifie. On ne cesse de gonfler puis dégonfler nos packrafts afin de franchir les nombreux torrents se trouvant sur notre chemin. Soudain, Après la traversée d'un d'entre eux, un ours déboule à toute allure derrière la dune devant laquelle Cyril plie son raft. Mais l'ours ne s'arrête pas et fonce tout droit sur Arnaud, qui se trouve à 50 mètres, fait demi-tour en direction de Cyril, puis finit par prendre peur et s'enfuit, passant entre nous deux. Encore un moment intense en émotion. Malgré le risque permanent d'attaques d'ours, on se sent de plus en plus à l'aise face à eux. On en croisera 6 sur la Lost Coast.

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After a dry night and a hearty breakfast, we set off again. A trail, starting from the lodge, saves us a day's walk. It leads us straight to a small creek on which we can float down to the ocean. When we arrive close to this creek, we suddenly hear the sound of footsteps in water, surely that of an imposing animal. Bear spray in hand, Cyril decides to get closer when and instantly spots a big black bear standing motionless, staring. No way to turn around for fear of being taken for prey! He whispers to Arnaud that a bear stands before him. Arnaud, thinking it's a joke, approaches  and the bear, intimidated by the presence of two men runs away before our eyes, with power and elegance. This burst of adrenaline reminds us that we are vulnerable in this wilderness and that we have to remain vigilant at all times.

The next days we keep hiking as the rain intensifies. We still have to inflate and deflate our packrafts many times a day to cross the streams that are on our way. After crossing one of them, a bear gallops at full speed from behind the dune in front of which Cyril is folding his raft. Arnaud sees it coming and shouts at Cyril to get his bear spray in hand. The bear finally notices Cyril and starts to run toward Arnaud, then stops, turns back toward Cyril, hesitates for a split second, and runs between us toward the creek we just crossed. Close call!

Another intense moment, but despite the constant risk of bear attacks we start to feel more comfortable around them. We will see a total of six during our last week on the Lost Coast.

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Après deux jours de marche sous la pluie et le vent, mêlés à de nombreux franchissements de rivières, on atteint enfin notre point de traversée de la baie de Yakutat. La tempête s'intensifie, formant un courant et des vagues nous empêchant de nous lancer. On décide avec prudence de poser notre campement dans les bois à l'abri de la tempête. Mais le sol est imbibé d'eau, et on se retrouve soudainement dans un marécage. On avance lentement à travers les branchages. L'eau est froide et nous arrive jusqu'aux genoux. Après une bonne demi-heure de galère on trouve enfin un coin "abrité" non loin d'un passage d’ours... Une fois installés, on se demande franchement ce qu'on fait là, dans cette tente imbibée d'eau, au milieu de nulle part dans un des endroits les plus reculés d'Alaska.

Après une nuit on ne peut plus humide, on lève le camp, et file direction la plage. La tempête n'a pas encore cessé. La décision de prendre le risque de traverser se prend naturellement quand on repense à la nuit cauchemardesque qu'on vient de passer. Et de toute façon on est presque à court de nourriture. Cyril se jette à l'eau, fonce droit sur une vague le secouant, Arnaud le suit de près. La houle forme des creux qui cassent sur les packrafts. Mais notre vigilance nous permet sans encombre d'atteindre l'autre côté de la baie en deux bonnes heures. En accostant sur la plage, Arnaud se fait prendre par une grosse vague qui le retourne comme une crêpe. Mais qu’importe ! On l'a fait. Yakutat n'est plus qu'à quelques dizaines de kilomètre de nous.

Le plus dur étant dernière nous, on se dirige avec enthousiasme vers notre point d'arrivée. D'autant plus qu'on est enfin à l'abri du vent et du courant. Deux jours de packraft nous suffisent pour atteindre la première route menant à Yakutat. On y est enfin !

Pour éviter de transporter notre planche de surf ainsi que du matériel dont on n'aurait pas besoin sur la Lost Coast (caisson étanche pour l'appareil photo et palmes par exemple), on avait envoyé le tout par la poste au surfshop de Yakutat. Mais avant d'aller récupérer tout ça, il faut qu'on mange, et en grande quantité. C'est donc un festin de cheddar, confiture, pain et glace Ben&Jerry’s qu'on s'enfile en moins de deux heures, pour plus de 4500 calories chacun (oui, on a compté, ça fait 2 fois la quantité journalière pour une personne "normale").

Une fois rassasiés, et avec un bon mal de bide, on peut aller à la rencontre de Jack au Icy Waves Surfshop.

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Our plan for crossing the bay of Yakutat is to go way inside to a point where it is only 4 kilometers wide. When we finally get there, the rainstorm has intensified and it wouldn’t be wise to paddle across. We decide cautiously to make camp sheltered in the woods. Unfortunately, the ground is soaked with water, and we suddenly find ourselves in a swamp. We progress slowly through the branches. The water is cold and sometimes up to our knees. After a good half hour, we finally find a small meadow where we pitch the tent. We are honestly starting to wonder what we are doing here, in our tent soaked with water, in the middle of one of the remote parts of Alaska.


After a night that could not have been more humid, we break camp and find our way back to the beach. The storm has not stopped but considering the night we just had and the fact we are running low on food, we decide to go. Cyril jumps into the water as a wave brakes and splashes all over him. Arnaud soon follows. We have wind swell coming from the left and ground swell from the right. Thankfully, our vigilance and the experience we gained over the months allow us to safely reach the other side of the bay in two hours. When landing on the beach Arnaud gets caught by a big wave and capsizes, but whatever, we did it! Yakutat is only a few kilometers away from us now.

With the hardest part of the journey now behind us, we happily paddle the next 2 days that separate us from our final objective. The many islands that are inside Yakutat Bay shelter us from the wind and the swell which allows for good and easy progress. When we finally reach Sawmill Cove, we find the first road we have seen in weeks: we made it to Yakutat!

In order to avoid carrying our surf gear on the Lost Coast, because it was too heavy and we wouldn’t have time to surf anyway, we had shipped it to the local surf shop. The first thing we want to do when we get to town is not pick up our equipment but find something to eat. We need to eat; we need to eat a lot. All we have dreamt about during our journey was bread, cheese and jam. That is exactly what we ate this day, along with milk and ice cream.

Once our bellies are full (and quite painful because of the quantity of food we ate, to be honest), we make our way to the Icy Waves surf shop to meet Jack who kindly held our surf gear until now.

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